Se libérer de son histoire

 

Se libérer de son histoire

Est-ce que me libérer de mon histoire signifie faire une croix sur le passé ?

Il faut vivre dans le présent. Le passé, ça sert à rien de le regarder.

Oui. Mais non. Se libérer de son histoire, c’est arrêter de s’accrocher à son passé, arrêter de le fuir. C’est le regarder en face, tel qu’il est, avec tout ce qu’il est, rien de plus, rien de moins.

Me libérer de mon passé, c’est accepter que mon père, ma mère, mon entourage ont fait des erreurs. Des erreurs terribles, des erreurs modestes. Sans jugement, ne lâchant la peur, la colère, les illusions. J’accepte leur imperfection. Que les choses aient été telles qu’elles ont été, en sachant que je n’ai du pouvoir que sur le présent.

Il y a de petites erreurs qui engendrent de grandes souffrances. Il s’agit alors d’observer ces conséquences sans en juger l’auteur ni soi-même. Accepter qu’on mot, qu’un geste puisse être le déclencheur d’un mal-être. Vais-je continuer à croire qu’ils ont été parfaits ou vais-je accepter qu’ils sont des êtres humains comme les autres ?

Il y a des erreurs atroces et des actes abominables, de ceux que l’on ne parvient pas à pardonner. S’en libérer, c’est accepter que l’auteur de ces actes a fait ce qu’il fait. Qu’il en est responsable. Oui, sa souffrance l’a guidé. Rien ne nous oblige à suivre le guide. Notre histoire explique nos actes, elle ne les justifie pas. Que ce ne soit jamais une excuse car alors je continuerais à être lié(e) à mon passé. Accepter l’indicible et justement le dire, c’est lâcher la souffrance. Pour soi. C’est reprendre du pouvoir sur sa vie et cesser de le laisser aux autres.

Pour accepter, il est nécessaire de lâcher le jugement. Celui sur l’autre et celui sur soi. Cessons de voir notre passé avec nos yeux d’adulte et voyons le au travers de nos yeux d’enfant : un enfant n’a-t-il pas le droit de n’être qu’un enfant, avec ses fragilités, sa dépendance à l’autre ? Celui ou celle que j’ai été il y a un an, deux ans, trois ans n’avait pas le recul que j’ai aujourd’hui. Si j’avais su… mais je ne savais pas.

Ce qu’ils ont fait, cela appartient au passé. Ce que je fais est mon présent.

Mon passé me définit uniquement si je le laisse faire. Est-ce que je vais garder les étiquettes que l’on m’a collé en cirant que c’est injuste ? Ou est-ce que je vais les retirer, en acceptant toute cette injustice et ma colère en sachant qu’ils ne pouvaient pas faire autrement à ce moment-là ?

Se libérer de son histoire, c’est poser un regard juste sur le passé. Nous sommes ce que nous sommes parce que nous avons affronté ces épreuves. A nous d’en faire des tremplins ou des plongeoirs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *